Le Dildon

par | Juin 13, 2021 | Winter Sub | 2 commentaires

Est-ce bien utile, finalement, un homme à taille humaine ?

Réduit, ça pourrait se ranger sur une étagère dans la vitrine des curiosités. 

Dès que je pénètrerais au donjon, ils s’agglutineraient tous derrière la vitre, essayant chacun d’attirer le plus possible mon attention pour que de ma main droite je les saisisse par le col, les soulève dans les airs, tels des sex-toys quelque peu désarticulés et bruyants, et que je daigne leur accorder mon temps et mon attention exclusive.

C’est la vie qui leur siérait le mieux : m’être utile, quand et comme bon me semble, à tout et jusqu’à devenir huma-dildo-noïde….

Bonne lecture…

Līsa

1

 

Elle n’était pas encore ma Maîtresse.  Plutôt un nom, des coordonnées éclectiques qu’un copain m’avait refilées un soir alors que je lui avais avoué candidement mon projet d’être terrassé par une domina.  Pourquoi pas?  Ce léger fantasme constituait la dernière lubie de mon cabinet de curiosités érotiques, je n’y prêtais pas vraiment plus d’importance qu’à la possibilité de participer à un threesome ou de lécher une chatte truffée de crème Chantilly; dans ma tête de jeune babouin lubrique, il allait de soi qu’à peu près n’importe quelle partenaire de jeu aurait pu me convenir du moment qu’elle possédait la vibe recherchée, en l’occurrence l’aura de la guerrière ou quelque relent de Ilsa, la louve des SS.

Je n’avais que 19 ans, j’étais jeune et con, et ce copain m’avait parlé d’une dominatrice de très haut niveau, il avait insisté sur ces derniers mots, quelqu’un que je pouvais considérer comme une singularité dangereuse, – bref, une femme de réputation si exceptionnelle dans l’univers du BDSM qu’elle ne pourrait jamais accepter de me recevoir à moins que Jean-Marc (c’était le nom de mon copain) ne me serve de passeur.

    • Tu la connais bien, alors?
    • Oh non, non, non, personne ne la connaît vraiment… Mais je suis passé par elle…  oui, une seule fois… un peu comme toi, à l’époque, j’étais curieux, et…
    • Et…?

J’avais remarqué un léger tremblement de ses mains rivées au bock, puis il avait fermé les yeux.

    • Eh bien, c’est arrivé il y a deux ans, c’est arrivé il y a mille ans, qui sait, mais je vais te dire… si cette femme… si elle me demandait de me tuer pour elle à l’instant, je le ferais sans aucune hésitation.

Ce soir-là, j’étais sorti du bar un peu paf, je rigolais tout seul dans les rues désertes, jetant parfois un œil au numéro de téléphone que Jean-Marc avait griffonné sur un bout de serviette.  Qu’est-ce qu’elle avait bien pu lui faire?  Il ne m’en avait rien dit, avait éludé toutes mes questions sur le sujet.  Il m’avait seulement fait promettre de ne pas la contacter avant deux jours, et au moment de nous quitter, il avait souri de façon un peu démente avant de conclure :

  • Pense ce que tu veux, mais sois sûr d’une chose : elle va te réduire, mon vieux, je te le jure, elle va te rapetisser.

 

2

 

Elle n’était pas encore ma Maîtresse.  Lorsque je me suis pointé pour la première fois à la porte de son donjon situé dans la banlieue de Thionville, elle avait immédiatement exigé que je m’adresse à elle sous le nom de Dame Līsa.  C’était une petite femme mûre, très élégante, à la voix cristalline; son corps coulé dans un tailleur d’un jaune éclatant, ses talons aiguilles d’un noir liquide, ses lèvres minces, sa mâchoire carrée et ses poings fermés envoyaient d’emblée un signal fort et pourtant étrangement familier : en fait, elle me faisait un peu penser à ma propre mère, mais en plus bandante.

Moi qui m’attendais à un théâtre de cuir rutilant, moi qui anticipais le claquement des fouets et le roulement des chaînes, j’étais tout de même un peu déçu.  Je me retrouvais en compagnie d’une dame très classe qui me précédait dans un couloir flanqué ça et là de tableaux exotiques et de statuettes lascives; elle commentait les différentes pièces de son donjon sur le ton d’une agente immobilière qui fait visiter un studio hors de prix.  Une singularité dangereuse, ça ?  Haha, Jean-Marc s’était payé ma tête, j’étais sur le point de rebrousser chemin lorsque nous débouchâmes au centre du donjon – beaucoup plus dépouillé que ce à quoi je me serais attendu.  À l’exception d’un lit de facture royale et d’une cage de dimension suffisante pour contenir un tigre, la pièce était libre, le centre en avait été soigneusement dégagé et le plancher apparaissait couvert de matelas de sol arrimés les uns aux autres, un peu comme des tatamis de judo.

Je n’avais pas sitôt pénétré au centre de la pièce qu’elle me dit d’une voix toute naturelle, mais dont le ton signifiait assez qu’elle ne tolérerait aucune opposition :

    • Déshabille-toi.

Ah, elle ne perdait pas de temps, on allait donc passer aux choses sérieuses sans plus de chichis !  Tant mieux.  Moi qui n’avais jamais baisé une femme de deux fois mon âge, je devais me rendre à l’évidence, celle-là était magnifiquement roulée : des seins d’enfer, un cul d’albâtre, des mollets puissants, bref c’était le parfait profil de la MILF, le pétard pot-au-feu que son mari impotent échoue à satisfaire, et qui se repaye auprès de petites brutes concupiscentes dans mon genre en posant à la Destructrice.  Je voyais la scène d’ici, rien de compliqué : pour la forme, elle allait me cingler le cul d’une dizaine de coups de cravache, puis elle allait me culbuter dans son lit Louis je ne sais quoi et se laisser enfiler en assurant la position du dessus.  Une singularité dangereuse ?  Sacré Jean-Marc !

 

3

 

Je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai dû perdre connaissance pendant quelques minutes.  Tout ce que je sais, c’est que je me retrouve à présent à plat ventre sur le sol avec cette femme assise sur mes reins; mes bras, tendus maximalement vers l’arrière, sont verrouillés de chaque côté des cuisses de ma tortionnaire, mes avant-bras pendouillent dans le vide et c’est tout juste si je parviens à leur faire exécuter un mouvement semblable aux ailes d’un oisillon encore trop jeune pour prendre son envol ; elle a ensuite glissé ses mains puissantes sous mon menton, elle a enchevêtré ses doigts de manière à exercer une pression maximale, et tout ce que parvenais à penser, c’est : elle va me rompre la colonne vertébrale.

En ouvrant les yeux, j’aperçois mon reflet dans un miroir ovale qui couvre la quasi-totalité du plafond.  Je suis bel et bien foutu.  Celle que je n’ai plus le choix de supplier sous le nom de Dame Līsa m’applique en silence une prise qualifiée de camel clutch dans le monde du catch.  Oui, Dieu sait comment, cette petite bonne femme qui ne mesure guère qu’1 mètre 60 et qui ne doit pas peser davantage que 60 kilos, ce petit bout de dynamite m’a complètement réduit à sa merci.

Ma tête encarcanée fixe son reflet dans le miroir du plafond et nos regards se croisent un bref instant.  Elle est parfaitement dénudée, d’une nudité lustrée et chatoyante — j’aperçois la pointe de ses seins contractée par la force ou l’excitation, la rage peut-être, je ne saurais dire.  Mais elle maintient la pression, ses mains passées sous mon menton me contraignent sans cesse à relever la tête au risque de me bousiller les vertèbres cervicales.  Elle affiche un sourire qui signe ma défaite irrécusable :

    • Alors, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi, petit lutin ?
    • Je vous en prie, vous me faites très mal.
    • Tst-tst, je te fais seulement un peu Tu ne sais pas encore ce que c’est que d’avoir très mal.  Mais si tu veux vraiment le savoir,  tiens…

Cette fois mon tronc décrit un angle parfait de 90 degrés par rapport à mes jambes, des étoiles grésillent à la périphérie de ma vision, et alors que j’allais perdre connaissance voilà qu’elle relâche la pression d’un cran.

    • Mais bon Dieu, qu’est-ce que vous faites ? Lâchez la prise, merde !
    • Hors de question. Et tu vas tout de suite changer de ton.
    • Mais qu’est-ce que vous voulez à la fin, c’est insupportable !
    • Ce que je veux ? Te briser, voilà ce que je veux.  Te briser et puis te reconstruire.  C’est bien pour ça que tu es venu me voir, non ?  Avoue que tu n’en pouvais plus de ton errance, que tu en avais marre de butiner dans les bars et de mariner dans ton jus ; tu te dégoûtais d’aller au diable, sans boussole, sans guide, sans projet, oui, avoue que tu te méprisais de faire toutes ces conneries sans but précis, et c’est ainsi que la meilleure partie de toi s’est mise à me réclamer sans le savoir.  Alors sois tranquille désormais.  Je serai le remède à ta désorientation érotique, la panacée à ta déconfiture existentielle.
    • Vous êtes cinglée…

La pression encore.  Au plafond, ma tête cramoisie ressemble à un crabe dont on force la carapace.  J’ai beau y mettre toute la gomme, mon bassin ne bouge pas d’un poil, et mes bras ne valent pas mieux que deux pantins désarticulés; elle me tient, la prise est fatale, et comme si ça n’était pas déjà assez compliqué comme ça, voici que je sens ma queue durcir sur le matelas de sol.

    • Je t’ai dit de surveiller ton langage. Demande-moi pardon.
    • Pardon ? Mais de quoi, bordel ?
    • Dis : pardon, Déesse.
    • Va te faire foutre !

La pression de nouveau.  Et je la vois dans le miroir, si nue et si incarnée, et son regard si parfaitement ailleurs alors qu’elle est sur le point de me rompre le cou…  Ma raison me dit qu’elle est folle, mais ma queue me murmure autre chose.  Je dois me ressaisir, je dois jouer le jeu si je ne veux pas finir à l’hôpital ou à la morgue.  Et dès qu’elle m’aura libéré, je lui foutrai mon poing dans le nez.

    • Pardon, je vous demande pardon.
    • Pardon, Déesse.
    • Oui, oui, pardon Déesse, pardon Madame, pardon ma tante…
    • Je sais que tu bandes.
    • Je vous en prie, je ferai tout ce que…
    • Et tu bandes parce que ton corps est en train d’enregistrer une chose essentielle, une chose que ton esprit persiste à refuser, mais que ton corps, lui, a déjà reconnue…
    • Je ne comprends pas, je ne comprends rien à ce que… et puis j’ai soif… Vous n’auriez pas un verre d’eau ou un verre de rouge, enfin, quelque chose comme ça…
    • Tu m’appartiens, ton corps n’ira pas plus loin. Ton corps sait qu’il a été conçu pour s’écraser à mes pieds, se rompre entre mes mains, ton esprit apprendra bien vite qu’il est fait pour se dissoudre dans ma Lumière.  Ta soumission physique est la propédeutique à un Royaume dont tu n’as encore qu’une idée très pâle.  Laisse-moi te montrer…

Elle lâche la prise, mais je suis à bout de forces et je ne suis pas assez rapide pour me retourner.  Je m’affale à plat ventre, et en un éclair, son corps s’abat sur le mien, elle passe son bras autour de mon cou et se met à serrer tandis que ses jambes se crochètent autour de mes cuisses.  Nous versons sur le côté.  Et tandis que son bras noué me suffoque, sa main libre s’empare de ma bite bandée qu’elle secoue comme si c’était une allumette en fin de course.

    • A trois, tu vas gicler pour moi, tu vas pisser ta semence par amour de ma Souveraineté.
    • Jamais je ne vous appartiendrai… vous m’étouffez…
    • Un.
    • Je n’appartiens à personne.
    • Deux.
    • Déesse, je crois que je vais jouir…
    • Trois.  Action.

Et la nuit tombe sur ma queue éruptant une infinité de foutre clair.  Black out.

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3

 

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Lorsque je reviens à moi – de très loin et comme du fond des mondes – je me retrouve nu et prostré dans la cage que j’ai aperçue un peu plus tôt quand je suis entré dans l’appartement.  Mes couilles ont été rasées et ma queue endolorie porte l’empreinte d’un sigle dont la signification m’échappe.

La Déesse (comment me sortir ça de la tête?) est assise sur une chaise qu’elle a tirée près de la fenêtre; son pied nu repose sur le rebord et elle regarde tomber la pluie en buvant un scotch.  Elle est vêtue d’une robe noire à collerette et sa main gauche est constellée de bagues qui ont l’éclat de têtes de mort lunaires ou de météores ciselés à la hache.  Les matelas de sol ont été roulés puis empilés non loin de la fenêtre, ce qui accroît d’autant la profondeur du donjon 

Mon cou est encore très douloureux, c’est à peine si je peux tourner la tête.  Encagé, pareil à un putain de rat, nom de Dieu…  Je roule sur le dos : le toit de la cage est composé d’une feuille de verre épais et que je soupçonne incassable, laquelle me renvoie un pâle reflet de ma silhouette décharnée

    • Heu, madame… je veux dire, Déesse…

Sans se retourner :

    • Eh bien, gros paresseux, il commençait à être temps. J’en étais à me demander si je n’allais pas devoir t’arroser comme un singe…

Si je criais, un voisin pourrait sans doute m’entendre.  Mais je n’en ai pas la force, sa prise a ruiné mes cordes vocales, ma voix n’est plus qu’un râle insinué entre les barreaux, une prière inexaucée qui ne va pas plus loin que cette fenêtre avec vue inversée sur la Destructrice.

    • J’ai soif, j’ai si soif…
    • Je sais, j’ai tout prévu.
    • Prévu? Et ce symbole gravé sur ma bite, c’est quoi?

Cette fois elle se retourne, se relève lentement et insère ses pieds nus dans des bottes d’un autre temps, couleur de guimauve brûlée, et sur lesquelles on aperçoit l’effigie stylisée d’un lion rugissant.  Elle s’approche de la cage en faisant résonner ses talons sur le bois flottant.

    • Ce symbole, petit lutin, c’est la preuve de ta reddition.
    • Déesse, si nous cessions de délirer quelques instants, vous voulez bien?
    • C’est toi qui délires et ce délire est sacré sans quoi tu ne m’appellerais pas Déesse, n’est-ce pas? Ce mot dans ta bouche, cette crampe linguistique, ce nœud poétique autour de ta langue signifie que tu progresses, que ton appartenance se resserre et que nous pourrons bientôt passer à l’étape de la Réduction.
    • L’étape de la quoi? . je n’entends rien à ce que vous dites, je vous en prie…  j’ai tellement soif…
    • Je sais, je sais, c’est un peu l’idée : vois-tu, je dois creuser cette soif jusqu’à qu’elle fasse de toi le désert parfait… oui, dis-toi que ta désertification est la prémisse d’une traversée douloureuse qui doit se conclure sur une oasis. En entendant, tu dois lécher mes pieds.  Regarde comme j’ai la cheville puissante, vois comme mon pied est l’absolu au repos, toujours plus dense, plus réel, si réel en fait qu’elle fait de toi quelqu’un de trop, regarde encore, regarde toujours…

Cette fois ça suffit!  Je secoue les barreaux, je donne des coups d’épaules contre la cage, des coups de tête contre le plafond de verre, je tente de faire tanguer ma prison, je m’échine à provoquer quelque catastrophe, mais je suis si faible qu’au bout d’une minute, je roule sur le dos, complètement fourbu.  La Déesse a retiré son pied droit de la botte infernale et insinue ses orteils entre les barreaux.  Et je bande à nouveau sans trop savoir pourquoi, mon érection me fait honte, mais je dois me rendre à l’évidence, son pied est parfait, sa cheville est un plan céleste et je n’ai plus qu’une seule idée fixe : porter mes lèvres à l’éventail nacré de ses orteils et les engloutir un à un jusqu’à ce que ma queue éclate.

    • Oui, suce mes orteils, le gros surtout, suce-le comme si tu allais l’avaler tout rond, c’est bien, tu n’en auras que plus soif encore, mais l’accroissement du désert va de pair avec celui du désir, et tu me veux tellement désormais, je suis tellement tout pour toi déjà que même si j’ouvrais cette cage à l’instant, tu n’en sortirais pour rien au monde, tu persisterais à lécher mon pied car tu ne vois plus bien le sens de ton existence, si ce n’est d’écraser tes lèvres sur mes orteils, de les lécher jusqu’à ce que tu en crèves et tu gicles à bout de souffle sous mon poids à l’instant où je crache dans ta gueule suffocante.

Et alors que je m’écroule à nouveau, le sexe écrasé contre les barreaux et la bouche encore toute infusée du parfum mi-aigre mi sucré du pied de ma Souveraine, ses orteils se referment autour ma queue bandée et je hurle ma vie avant de me fondre à une nuit sans mots et sans étoiles.

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4

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    • Déesse, j’ai soif…

J’ai perdu le compte des heures, des jours peut-être, passés dans cette cage.  Si ma Maîtresse m’a agréé quelques croûtons de pain dignes des camps de concentration, en revanche elle ne m’a rien donné à boire.  Elle m’assoiffe à un point tel que j’en suis à me mordre les poignets et à sucer mon propre sang afin de me réhydrater un tant soit peu. 

Voici d’ailleurs la Déesse qui émerge je ne sais d’où; elle porte une chemise noire fleurie dont les pans se croisent au niveau du buste, isolant la coupe des seins sous un voile transparent, mais pour le reste, elle apparaît dénudée du ventre jusqu’aux orteils.  Et du fond de ma soif immensifiée, je bande encore.

    • Madame, Déesse, Reine adorée… de l’eau, j’ai si soif…
    • Oui, je crois que tu es à point. Tu as vu les cernes violets sous tes yeux?  Hmmm…  Tu te trouves exactement là où je voulais t’amener, te voici parfaitement sec, incinéré de toi-même jusqu’au trognon…  Et tu schlingues comme une saloperie de Père du désert, pouah!…  Alors es-tu prêt pour la Réduction?  Es-tu prêt à recevoir le sacrement de mon adoration perpétuelle?
    • Je, oui… Écoutez, je suis prêt à tout, je me prête à toutes vos fantaisies, ma queue vous est acquise et pointe à jamais en votre direction, votre beauté me dévaste, c’est un fait, et je vous appartiens jusqu’à la folie… mais de grâce, Déesse, de l’eau, de l’eau…
    • J’ai mieux… Ouvre la bouche…

Agile comme un chat, ma Maîtresse bondit, se poste sur le toit de verre de la cage, s’accroupit puis libère un jet d’urine dont le bouillon cascade aux extrémités avant de s’écouler en fins ruisseaux le long des barreaux.  Je me précipite, rive mes lèvres au fer de ma cage, et je suce en vagissant chaque goutte d’urine que la Déesse m’abandonne.  Ma reconnaissance est éternelle, je l’aime à présent à m’en éclater le cœur.

    • Alors?
    • Me voici, réduisez-moi.

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5

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J’ai dû perdre connaissance encore une fois.  Je ne sais si nous sommes le matin ou l’après-midi, mais le soleil flambe par rayons parallèles sous le rideau majestueux tombant à la fenêtre et je note tout de suite que quelque chose ne va pas.  Les dimensions du donjon me semblent élargies, le plafond de ma cage a été remonté d’au moins 2 mètres et l’espace entre les barreaux…  nom de Dieu…  je passe entre les barreaux sans aucune difficulté et je reconnais parfaitement le donjon, le lit, le miroir, mais comme si les dimensions de chaque objet avaient été multipliées par trois.

    • Alors, petit lutin, tu n’as plus soif?

La Déesse contourne le lit.  Dieu du ciel, c’est une géante qui marche vers moi!  Même en me dressant sur le bout de mes orteils, ma tête ne dépasse guère son mollet.  Je dois rêver, il n’y a pas d’autre explication, ou alors son urine contenait une substance hallucinogène.  Du coup, je panique.  Je cours à toutes jambes en direction de la fenêtre, et alors que l’idée me vient de me réfugier sous le lit, la main de la Déesse se referme sur moi.

    • Mais où croyais-tu aller comme ça? N’as-tu pas encore compris que tu ne peux plus aller nulle part, que tu es à moi et qu’en régime de réduction érotique, je peux physiquement faire de toi tout ce que je veux?  Haha, et dire que ce petit monsieur avait dans l’idée de me baiser.  N’est-ce pas ?  Tu avais cette intention de tirer un coup facile et de me baiser, eh bien, regarde-toi à présent…  Non, tu ne me baiseras pas, je vais plutôt me baiser moi-même par petit lutin interposé.

Elle m’immobilise à quelques centimètres de son visage et me sourit maternellement; en baissant un peu les yeux, j’aperçois en gros plan le cran d’arrêt de ses mamelons à travers la gaze de la robe de chambre, la Mer Rouge de ses lèvres se fend à chaque mot, sa bouche me souffle tous ses oracles à la figure, et voici qu’elle déploie sa langue alcoolisée tout le long de mon corps et me suçote la tête comme si c’était le gland d’une queue circoncise.

    • Beurk, tu goûtes la pisse. Pas question que mon Dildon me pénètre avant d’avoir pris une douchette désinfectante.  Allez, accroche-toi, nous allons faire un petit saut à la cuisine!

Elle dénoue les cordons de sa robe de chambre et me plaque aussitôt contre sa poitrine parfumée; je me retrouve très exactement logé dans la raie de ses seins, le bras passé autour d’une petite clé en forme de cœur, mes pieds prenant appui sur le bord inférieur de son nombril afin de modérer le balancement du bijou.

Sur le comptoir de la cuisine, j’aperçois une bouteille de whisky entamée aux deux tiers — BM Signature vieilli en fût de vin de paille, je connais.  Elle verse la totalité de la bouteille dans une coupe de cristal et m’y plonge, tête première, en secouant le verre de telle sorte que je me retrouve dans une espèce de bain tourbillon.  De retour au donjon, elle dépose la coupe sur une table de chevet située du côté droit du lit : j’ai bu une sacrée tasse, les vapeurs de malt m’imbibent aussi fantastiquement qu’une page de papier bible, et mon ivresse aggravée ne me permet pas autre chose que d’appuyer mes coudes sur le bord de la coupe et d’admirer d’un œil vitreux le corps géant de ma Maîtresse étendue dans le lit. 

    • Alors, mon Dildon, te voilà tout propre et lubrifié de pied en cap. Tu es parfait!  À présent, tu vas te raidir – pas ta queue, idiot, toi, tout toi, oui, tu vas te raidir, les bras le long du corps, tu vas durcir de toutes tes forces, de la tête aux pieds, je veux que tu deviennes aussi massif qu’un petit bloc de ciment, et je ne veux aucune baisse de régime tant que le volcan n’aurait pas explosé entre mes roses, tu m’entends? 
    • Plaît-il? Oh si peu, vous savez, si peu…
    • Ferme ta gueule et durcis!

 

6

 

Sitôt enfourné dans son sexe, c’est plus fort que moi, j’ouvre les bras afin de me maintenir à flot dans ce que je ne puis décrire autrement que comme une mer de muqueuses en plein tempête.  Il n’y a plus ni haut ni bas, ni gauche ni droite, rien que mon accélération programmée au fond d’un bouquet de roses tournantes, mon corps, bandé tant bien que mal, virant comme un derviche-tourneur sous les rafales érotiques qui plombent le sexe de la Déesse.  Je la pénètre à présent de tout mon corps et de toute mon âme – mes pieds seuls émergent de l’orifice comme la tige d’un tampon hygiénique afin d’assurer à ma Maîtresse une prise sûre et contrôlée.

Je la pénètre droit devant et sans retour possible, mais mon sexe à proprement parler ne l’enfonce pas, c’est tout juste si l’indice de bandaison extrême sert à l’occasion de cran d’arrêt dans la région du point G.  Mon corps, fluidifié de partout, torréfié par un désir malade, ne peut pas maintenir sa rigidité d’origine; je perçois les échos internes de l’insatisfaction de la Déesse, ces borborygmes infernaux qui semblent provenir des profondeurs de son ventre, et qui me signifient sans équivoque qu’elle me veut bien raide jusqu’à l’explosion sous peine de me décapsuler la tête.

Alors tout comme le chevalier de Montmirail dans Les Visiteurs, je hurle : Montjoie!  Saint-Denis!  Que je trépasse si je faiblis! et je fonce d’instinct au clitoris auquel je m’accroche comme à un melon de miel ou un ballon de football, j’y enfonce ma petite verge durcie, je le pieute de ci de là, je le darde tous azimuts cependant que l’index géant de ma Maîtresse, pareille à une rame de métro, fonce sous mes couilles à la recherche du point G.

Trente secondes plus tard, sa jouissance est accomplie : dès la 2e vague, je me vois catapulté hors de son sexe, et je roule, ivre et fou, dans une fontaine de fluides et de malt recyclé jusqu’au pied de son lit.  Puis, à voix basse, elle me dit en tapotant son ventre :

    • Viens à présent, monte sur moi, et viens.

Oui, je suis tout petit et contrefait, barbouillé de jouizu de pied en cap, mais je suis le Dildon de la Déesse, et je bande encore de la voir retrouver son souffle, de voir son ventre se soulever et s’abaisser, s’abaisser et se soulever alors qu’elle noue ses mains derrière la tête, me sourit et répète : Viens, jouis sur moi.

Alors j’obéis car je suis le foudroyé servant de mon Amour; tout réduit que je sois, je l’escalade en franchissant le col de son sexe qui ruisselle encore de diamants sumériens et je me couche à plat ventre sur son très cher corps; la queue enfoncée dans la cavité de son nombril, la main droite rivée à la pointe de son sein droit, la main gauche rivée à la pointe de son sein gauche, distendu au possible et crucifié d’adoration sur le ventre de la plus puissante Maîtresse de l’univers, je jouis du cœur jusqu’à la fin des temps.

 

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