Corruption de voisinage

par | Sep 3, 2021 | Winter Sub | 9 commentaires

Toi qui passe par ici, tu l’as certainement échappé belle, tu n’es pas mon voisin… Sinon hé héwink

7 juillet

Il sait.  Non, il ne sait pas, mais il a enregistré quelque chose, c’est visible, c’est même parfaitement clair à la façon dont il baisse les yeux maintenant, lorsque nous nous croisons dans la cage de l’escalier.

Je crois que l’Événement s’est produit, il y a trois jours, alors que je sortais de ma voiture, les bras chargés de 2 gros paquets cadeaux.  Je le vis marchant en direction de notre immeuble en compagnie de son fils âgé de 5 ou 6 ans ; par maladresse, j’ai laissé échapper mon trousseau de clés à l’instant où je traversais le parking.

Il n’a rien dit, a souri, puis s’est avancé vers moi et s’est penché pour les récupérer  : agenouillé à mes pieds un bref instant, j’ai perçu son écart, disons, le léger dérapage de son regard en direction de mes Louboutin Kate 554.

En se relevant, il a proféré je ne sais quelle bêtise au sujet de l’asphalte trempée; il était rouge, ne me regardait pas dans les yeux et semblait s’adresser aux nuages qui se déchiraient au-dessus de la ville pendant que son fils agité tirait sur la manche de son veston.

Nous habitons au même étage, lui au 301, moi au 302.  Arrivés au bas de l’escalier, je sentais son regard rivé à la courbe liquide de mes chaussures bien davantage qu’à mon cul, son fils criant afin de jouir des échos de sa propre voix dans le petit cagibi qui abrite vélos et poussettes.  Parvenu au palier du 3e, plus rouge encore, il m’a tendu les clés, j’ai fait exprès de ne pas le remercier, mais j’ai souri comme je le fais chaque fois que je m’apprête à donner la pâtée de chien à mon encagé #2.

Sa femme, pourtant fort belle, ne m’a jamais adressé la parole.  Elle me déteste.  Elle sait.

 

9 juillet

Hier, une scène terrible a éclaté entre mes voisins du 3e.  Je n’ai pas tout saisi, mais à un certain moment, à travers la cloison de la salle de bain, j’ai entendu crier : Tu en pinces pour elle, salaud, viens me dire le contraire…

Elle sait, elle pressent et me hait en proportion de son pressentiment.  Je ne fais pourtant rien pour la provoquer, je ne la regarde même pas lorsque nous nous croisons dans les escaliers, à peine lui ai-je adressé un mot ce jour où le plombier est venu inspecter une infiltration du mur porteur de l’immeuble.  Le pire, c’est qu’elle a tout ce qu’il faut : elle est jeune, sportive, volontaire, et ses traits d’une finesse crémeuse évoquent la fin de ligne d’un sang aristocratique; il lui suffirait de si peu pour assurer son bonheur conjugal, mais mon instinct me dit qu’elle ne franchira jamais la ligne, jamais elle ne se commettra avec ce qu’elle doit désigner sous le nom de perversités.

Mon Dieu, combien de femmes ai-je connues qui ont sombré dans d’horribles névroses, des souveraines par vocation, mais dont la volonté se retournait contre elle-même, simplement parce que ces femmes répugnaient à faire sauter la dernière digue, à passer du côté de la Nuit, cravache entre les dents, et à ferrer le sexe de leur abruti de conjoint.

Oui, il y a des jours, lorsque je la croise sur le palier, où je voudrais la saisir par les épaules, la coincer contre le mur et lui dire en la fixant bien droit dans les yeux : Chérie, la vie est courte, qu’est-ce que tu attends pour l’encager ?

 

12 juillet

Les rues de Thionville sont vides, je m’emmerde et je tourne en rond.  Mon adorateur clandestin du 301 se tient bien coi ces derniers jours.  Lorsque nous nous rencontrons sur le parking, il baisse la tête et accélère le pas.

Par désoeuvrement j’ai reçu un jeune type de 29 ans avec qui je corresponds off and on depuis 3 mois; il m’a avoué non sans peine son fantasme étonnant, sur lequel il me dit jouir d’un entrainement conséquent personnel. Pauvre petit, mais je lui laisse encore une chance, je crois qu’il a un certain potentiel.  Je l’ai donc inscrit sur la liste des dressables, et je lui ai dit que j’allais peut-être le mettre à l’essai mais sans rien lui promettre.

Je l’ai introduit chez moi hier pour la première fois après lui avoir bien fait comprendre que ce serait la dernière s’il s’autorisait le moindre écart de geste ou de langage.  On aurait dit un gamin au pays des merveilles.  Évidemment, ils ne s’attendent pas à ça : le contraste entre la structure bourgeoise de l’immeuble, vue de loin, et l’artillerie lourde d’un donjon une fois franchi le vestibule de mon appartement personnel lui en jette plein la vue.

Après lui avoir ordonné de se dénuder, je lui ai tout de suite menotté les mains dans le dos – c’est toujours plus prudent avec les nouveaux, après quoi j’ai retiré ma jupe de cuir mauve et j’ai enfilé mon strap-on modèle Sissy 31 conçu pour ceux dont la rondelle est encore toute verte, puis je l’ai poussé en direction de la salle de bain.  Lorsqu’il a aperçu la baignoire remplie à ras bord, il a compris tout de suite que j’allais exercer son vœu. Il s’est agité, m’a jeté un regard effaré et j’ai pensé : mon dieu, ce n’est qu’un enfant…  J’ai su tout de suite qu’il fallait faire vite, alors je l’ai contraint à s’agenouiller, et d’une main appuyée sur la nuque, j’ai maintenu sa tête sous l’eau en l’enculant d’une seule traite.  Je l’ai laissé se débattre, me guidant au son de sa bite butant contre l’émail de la baignoire, puis au terme de 3 ou 4 immersions, je me suis lassée de ce jeu, je me suis relevée et je l’ai abandonné là, gouttant sur le carrelage, non sans lui avoir ordonné de me nettoyer tout ce foutoir.

Il n’est pas très intelligent, mais sa servilité est incandescente.  Je le reverrai peut-être dans deux ou trois semaines.

 

13 juillet

Je suis patiente et j’aime sentir le désir croître chez mes admirateurs clandestins.  Qu’ils s’arrangent avec leur jouissance, la mienne nécessite la certitude d’être irremplaçable à leurs yeux.  En cela, je suis une dominatrice d’une intensité spirituelle plutôt remarquable, c’est ce que me dit souvent mon encagé #5, et c’est sans doute pourquoi j’ai toujours cartonné auprès des intellos et autres petites choses brillantes cérébrales torturées.

Je jouis de les voir se défaire de proche en proche et de risquer leur réputation sociale ou professionnelle quand je passe à proximité, je carbure au trouble que je fais naître chez eux dès que je sens une communauté de risques entre nous.

Mais mon clandestin du 301 est un cas particulier.  Sa femme le tient, l’encadre, le gère très rigoureusement, elle tient un registre serré de ses allées et venues; au fond, elle est parfaite, il lui suffirait de si peu, mais elle ne franchit pas le cap, et lui persiste à se taire.  Il n’ose imaginer la gueule qu’elle ferait s’il lui disait :

Je t’en prie, Suzanne, éclate-moi les couilles à coups de mailloche.

Il craint son jugement, il ne sait pas si elle afficherait un sourire carnassier ou si elle n’irait pas plutôt le foutre à la porte en le traitant de dégénéré.  Au total, il ne lui fait pas confiance.  Je le comprends.

Mais voilà qu’il a pressenti que moi, sa singulière voisine, je pourrais peut-être lui offrir ce qui lui manque, et il n’est pas idiot, il se doute bien que j’ai perçu son tourment érotique, mais il ne sait pas comment verbaliser le trouble.  Je dois lui tendre une perche.  Mais comment?

 

15 juillet

Voilà, j’ai scié le talon d’un de mes Louboutin, je l’ai tailladé aux trois quarts de manière à ce qu’il puisse céder au moment opportun.

Mine de rien, j’ai garé ma voiture à l’emplacement habituel, et j’ai attendu.  Je sais qu’il revient toujours des courses le jeudi, entre 15 et 16 heures, la routine est réglée comme du papier à musique, alors je l’ai attendu en twittant et en jouant avec le talon branlant de ma chaussure.

Quand je l’ai aperçu dans le rétroviseur, remontant à pied notre rue en direction de l’immeuble, je suis sortie de la voiture avec une lenteur extrême, j’ai traversé le parking comme si je ne le voyais pas puis, parvenue à sa hauteur, j’ai abattu le pied sur la première marche du porche, il y a eu un léger crick! et j’ai vacillé en me raccrochant au bouton de la porte d’entrée.

Le talon gisait à l’horizontale sous la semelle, retenu seulement à la charpente de la chaussure par un lambeau de cuir d’un bleu sablé.

J’ai dit : merde.

Interdit d’abord, il est demeuré là un moment, parfaitement immobile, les sacs pendant au bout des bras.

– Madame, je ne voudrais pas… pour rien au monde je ne voudrais… bredouilla-t-il.

Pauvre clandestin, il ne se contrôlait plus: je voyais sa queue tendre la toile de ses horribles bermudas de plage, il en bavouillait de confusion, j’avais fait mouche, assez brutalement même, mais plus question de l’épargner.

– Est-ce assez bête, dis-je…  Évidemment, je ne me vois pas confier cette réparation au premier cordonnier venu, mais au prix que m’ont coûté ces chaussures, avouez que je n’ai pas vraiment le choix…  ah, je vois ça d’ici, on va me cochonner le travail… c’est d’un artiste dont j’aurais besoin pour souder un talon si fin, si racé, si délicat… voyez par vous-même…

Je retire délicatement la chaussure et lui expose comme un sommelier présenterait un grand-cru.

Le nord de la ville appartenait à deux grands corbeaux noirs qui tournoyaient au-dessus de nos têtes et se partageaient sa disparition…

– Madame, murmura-t-il… voyons, je ne suis pas un artiste, mais il est vrai que je suis assez habile pour les travaux qui nécessitent… de la délicatesse, oui, de la finesse, et…

Je le vis jeter un œil nerveux en direction de la fenêtre du 3e, la sueur lui rongeait les lèvres à l’instant où je lui tendis le talon arraché.  Mais lorsqu’il mit la main dessus et que je vis son pouce glisser doucement sur l’arête ébréchée, je m’approchai, lui serrai le coude et lui susurrai à l’oreille :

Ne feins pas, ne crains rien, je sais qui tu es, tu sais qui je suis, et dis-toi bien que si ce talon était de fer, je le mettrais au feu, le ferais rougir et te l’enfoncerais au noir pour le simple plaisir d’entendre le grésillement de tes poils de cul autour de l’aiguille.

 

20 juillet

J’y suis peut-être allée un peu fort.  Chose certaine, le logement du 301 est bien silencieux depuis trois jours.  Je sais qu’il y a eu une scène à nouveau, le soir du 16, et très tôt hier matin, de ma fenêtre, j’ai vu sa femme s’engouffrer dans la Yaris familiale en compagnie de l’enfant, les portières ont claqué plus violemment que d’ordinaire…  Depuis, silence.  C’est tout juste si la nuit je perçois quelques mesures de musique classique insinuer leur montée fantomatique dans le mur qui sépare nos appartements.  L’aurait-elle quittée pour de bon?  Non, elle aurait emporté des bagages, et j’ai bien noté qu’elle avait les mains vides lorsqu’elle est montée dans la Yaris.  Peut-être est allée passer quelques jours chez sa mère?  Mon Dieu, je devrais m’en foutre, mais je ne le peux pas : j’ai amorcé un jeu dont je dois connaître l’issue, et à ce stade de l’aventure, je ne peux plus ignorer aucun indice.

Question de tuer le temps et de faire descendre quelque peu la tension, j’ai reçu hier mon encagé #12.  Il s’agit en fait d’un vieil esclave, ingénieur à la retraite, qui me voue un culte ruineux depuis plusieurs années, m’ensevelit sous une avalanche de présents d’une beauté baroque et dont je ne sais plus que faire.  Il est descendu hier tout droit de Paris, s’est pointé avec une boite de chocolats de chez Debauve & Gallais, les bras chargés de roses noires et le col de chemise affublé d’un horrible nœud papillon.  Mon numéro 12 est un sentimental coincé qui carbure aux vieux succès populaires des années 70, et ses petits délires sont toujours un peu compliqués, bien qu’assez enfantins.

Hier, je l’ai donc encagé pendant une heure, puis après l’avoir libéré, j’ai mis Le Jardin du Luxembourg de Joe Dassin et l’ai autorisé à jouir sur mes chevilles; il ne s’agit jamais que de quelques gouttelettes arrachées au terme des plus violents efforts, mais tout cela est fort distrayant, et lorsque la jouissance lui monte à la tête, mon vieux croulant enfile d’étranges incantations de type : alta hongdola, rofermi el poustiputa, alta fontanel kontiki, etc.

Enfin, c’est un cas, mais il me fait rire et il sait comment optimiser le remplissage de mon lave-vaisselle.

 

22 juillet

Ce matin, sur le pas de ma porte, j’ai trouvé une boite à mon nom, avec à l’intérieur mon Louboutin réparé avec cette petite note : Madame, je ne sais comment résoudre ce conflit, mais je ne dois plus vous parler.  Je vous demande de respecter ma décision.  P.S. Votre chaussure est fonctionnelle, je l’ai solidifiée aussi au niveau de la couture interne du cou-de-pied.

 

23 juillet

Sa femme est revenue.  Son gamin n’a pas cessé de hurler de toute la journée.  Je suis d’humeur à massacrer tout le monde.  Je m’explose la gueule en regardant les infos et en m’imaginant foutre le feu à la barbe d’un Taliban.

 

24 juillet

Tout est accompli.  Peu avant minuit hier soir, alors que je cravachais mon encagé #4, j’ai perçu des turbulences de l’autre côté.  Par curiosité, j’ai activé ma caméra palière numérique, et il était là, assis, dans le noir, et tristement pensif sur la première marche de l’escalier. J’ai entrouvert doucement et il m’a vue dans ma guêpière rose cendré : j’étais légèrement décoiffée, j’avais les cuisses nues, les jarretelles distendues, et la raie de mes seins luisait sous une fine pellicule de sueur.

Je l’ai vu prendre sa tête entre ses mains et se boucher les oreilles.  De l’autre côté de la porte de son appartement, les cris de sa femme fusaient sans discontinuer :  Tu ne lui résisteras plus, c’est ça?  Elle t’a salement embobiné, ça oui!  Réfléchis, réfléchis bien, tout ce que nous avons construit depuis 7 ans, tout ça, tu vas le foutre en l’air pour un escarpin?  Tu me dégoûtes, oui, tu me dégoûtes…

Alors je me suis avancée, comme une somnambule je l’ai enjambé et j’ai appuyé mes mains à côté de la porte du 301; toujours assis dans les escaliers, il a doucement rejeté la tête vers l’arrière, ses yeux ont roulé au néant, j’ai écarté les jambes et ma liqueur de rose a coulé de source dans sa bouche immensifiée ; il m’adorait à ciel ouvert pendant que l’autre furie continuer d’hurler derrière la porte, l’urine cascadant sur l’arête de son nez et jusque sur le lobe de ses oreilles, puis je lui ai dit : Maintenant, encagé #23, tu sais ce qu’il te reste à faire.

Il s’est relevé, m’a suivi, a rejoint #4 dans le donjon, et je les ai fouetté et tourmenté jusqu’à l’aurore.

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