Comment j’ai fait sombrer mon prof de philo

par | Nov 16, 2021 | Winter Sub | 8 commentaires

… Et obtenu une très bonne note au bac 😎

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Très jeune, j’ai pressenti la gravité, la singularité solaire de ma vie cérébro-sexuelle, mais ce n’est qu’à l’âge de 19 ans que je vis clairement quelle tangente elle allait prendre.

Ceci est le récit de l’événement qui vint sceller ma destinée de domina.

Mais je dois d’abord m’arrêter à une particulière pointe adolescente de ma trajectoire.

À 15 ans, je me rappelle d’une altercation avec un garçon dans la cour du collège.  Il s’agissait d’un butor boutonneux du nom de Romuald, dont le père, ambassadeur, le faisait, chaque jour, conduire aux portes de l’école à bord de sa berline de luxe.  Romuald se prenait pour un dur sous prétexte qu’il disait avoir joué du couteau dans les ruelles des pays dans lesquels son père était l’émissaire de notre gouvernement. Bien évidemment, tout le monde savait que c’était faux et qu’il avait grandi dans l’or et les plumes.  À la tête d’une petite bande de cancres, il séchait les cours, rackettait les plus jeunes à la sortie des classes et ordonnait aux filles de le sucer dans les toilettes, sous peine de se faire piquer toutes leurs affaires.

Il me tournait autour depuis un certain temps, n’osant trop s’approcher, comme si, sur un plan purement animal, il redoutait ce que je pressentais déjà moi-même à mon sujet.  Je portais les cheveux courts, souvent un blouson de cuir élimé et me maquillais à l’androgyne dans le style gothique.  Romuald me regardait en souriant de façon lourdasse.  Je lui rendais toujours un regard de morte.

Un jour, il vint à moi dans la cour de récré, accompagné d’une quinzaine de sa garde prétorienne.  Il ne riait plus :

– Tout à l’heure, dans les toilettes, tu te mets à genoux et tu me suces.

Montrant du doigt certains de ses acolytes, je lui réponds :

– Xavier te suce déjà. Maxime aussi.  Et je parie que c’est à ton père que tu penses quand Roberto t’encule.  Pauvre pédale, va !

Il mit bien quelques secondes à se ressaisir – disons, à encaisser le choc et le ricanement des copains.  Il bafouilla quelque chose d’incompréhensible, puis, les yeux à fleur de tête, me saisit à pleines mains par les cheveux.

Les témoignages divergent sur ce qui se passa par la suite, mais dans mon souvenir, je repris conscience au moment où j’étais à califourchon sur lui — mes genoux barrant ses épaules, mes mains verrouillant ses poignets — façon schoolgirl pin.

Il en bavouillait sur sa chemise tant la rage de me désarçonner le rongeait de l’intérieur.  Mais quoique je fusse de petite taille, mon poids épousait à la perfection ses convulsions nerveuses, et je savais désormais que je l’avais à ma merci.

À ma merci.

Ces trois petits mots me brûlaient la cervelle tandis que ses jambes battaient le goudron de la cour de l’école.  Et au fur et à mesure que son corps s’avouait vaincu, bien qu’il persistât à me traiter de pute, de salope, et de bien d’autres noms d’oiseaux, je vis poindre au fond de mon esprit les primes lueurs d’une souveraineté qui me bouleversa.

Ses copains s’éloignèrent en crachant.  Romuald était fini.  Je maintins encore la prise en position plus haute, question de jouir un peu de sa décomposition, l’entrejambe de mon jean slim appuyant sur l’arête de son nez.

Ce soir-là, je ne dis rien à mes parents.  Je m’enfermai dans ma chambre, j’écoutai en boucle The Cure, puis me branlai et jouis si fort que je crus que mon clitoris allait sauter.

Le lendemain, Romuald ne s’était pas présenté au collège, et quelques jours après, on apprenait qu’il ne reviendrait plus, car son père était, soi-disant, muté. Cette mutation providentielle a bien fait rire tout le monde.

 

 

2

Mais l’Événement qui me fit qui je suis ne s’est produit que 3 ans plus tard alors que j’étais en terminale.

Nous sommes un matin, tôt, où règne une effervescence palpable. Tous les élèves de terminale passent ce jour là l’épreuve de philosophie. J’en suis. La convocation me conduit dans un grand lycée de l’Académie de Toulouse, et il m’est très difficile dans ce flot d’étudiants de reconnaitre tel ou tel copain. Nous sommes conduits sous un grand préau où de grands panneaux égrènent les noms des convoqués et la répartition des salles d’examen.

1er étage, salle 126. Les tables sont largement espacées. Sur chaque plateau, une petite étiquette mentionne le nom des candidats. C’est une salle de M. Je suis placée à la dernière table, au fond, près de la seconde porte de la salle. Je suis surprise du nom de ma voisine : Dora Machiavelli. Avec mon recul et mon expérience d’aujourd’hui, je me dis que nous aurions dû pactiser et monter, à nous deux, un consortium fémino-diabolique, plutôt que de plancher 4 heures.

L’Académie de Toulouse est grande. Force est de constater que, dans cette salle, je ne connais personne. Mais voilà que soudain, portant dans ses bras une enveloppe kraft, je vois entrer mon prof de philosophie. Stupéfaite. Il discute dans l’embrasure de la porte avec une dame affublée d’une même enveloppe. Il conclut. Pénètre dans la salle et referme la porte derrière lui.

Je n’avais que 19 ans, il devait en avoir près de 40.  Je ne comprenais pas que ce petit barbu à lunettes dont la voix fluette surfait sur les noms d’Épicure et de Nietzsche ait pu me troubler à ce point.  Mais le fait est que je recevais de son attitude corporelle un signal étrange, un message qui me semblait expressément destiné, à moi, à moi seule, et que je traduisais comme : ‘Brise-moi’.

Nous avons passé toute l’année scolaire à jouer à la chatte et au souriceau.

Je ne sais si j’en étais amoureuse – peut-être bien l’étais-je en un sens, mais certainement pas de la façon dont les filles de mon âge pouvaient parfois craquer pour un mec plus vieux.  Non, ce que je sentais bien plutôt était que ce petit professeur vif et nerveux m’était apparenté sur le plan sexuel, ce que j’exprimerai, faute de mieux, en disant que je pressentais que lui et moi étions érocompatibles, et que si je n’exauçais pas sa prière muette de le briser, j’allais manquer une occasion en or d’être fidèle non pas à ce que j’étais, mais à ce que je devais être, à ce que j’étais destinée à devenir toujours davantage depuis que j’avais terrassé Romuald dans la cour du collège.

Et puis, j’avais remarqué son regard loucher dans ma direction à tant de reprises…

En classe, lorsqu’il parlait, j’étais le point focal de son discours; son regard ne s’égarait que pour mieux me revenir.  Il rebondissait sur les visages comme une pierre plate sur l’eau d’un lac pour finalement s’enfoncer dans mes profondeurs.

Je le magnétisais, sans rien forcer, juste en étant égale à mon rayonnement, et s’il était suffisamment intelligent pour se rendre compte de sa propre dérive, je savais qu’il me suffisait de le regarder un peu froidement pour ruiner son surmoi et recadrer son existence en ma direction.

Il ôta sa veste. D’un coup de coupe-papier, ouvrit l’enveloppe et en saisit ce qui allait être nos sujets. Il dit – Bonjour à toutes et tous – et commença un discours sur les règles et les attendus en termes de règlement pour cette épreuve.

Et à un moment de ce discours, son regard trébucha sur le mien. Tout son corps matérialisa cet instant en une sorte de trouble qui rendait tous ses gestes et paroles dysfonctionnels. Il lui fallut quelques minutes pour reprendre le lead de son discours.

Dans ma tête, une question me taraudait :

A-t-il choisi sciemment de surveiller précisément cette salle parce qu’il savait qu’il allait m’y trouver ?

L’épreuve commença.

Le sujet, dont je ne me souviens plus avec précision l’énoncé exact, tournait autour du désir.

Moi, qui d’habitude argumentait bien en philosophie, je constate vite au bout de la première heure, que je n’ai encore rien écrit – ou plutôt, j’avais rédigé une lettre inspirée par les sentiments que mon prof m’inspirait.  Quelque chose de délirant et de volcanique qui n’avait ni queue ni tête, et qui allait, sans aucun doute, me valoir la note de zéro.

En ces instants, personne ne me regardait. Ma place, au fond, près de la porte de sortie, me conférait un lieu d’observation et de discrétion privilégié.

Je lâchais doucement mon stylo. Je posais mon coude droit sur la table, et plaçais ma main sous le menton.

A cet instant, mes yeux dans les siens, nous étions seuls au monde.

Mes yeux, mes lèvres, mon visage esquissaient un sourire espiègle.

Dans la salle, on entendait les mouches voler.

Je me mis alors à bouger les lèvres, et à articuler, dans sa direction, des mots à blanc :

Tu sais que tu m’appartiens.

Son regard effaré me renseigna directement sur le fait qu’il avait bien reçu et compris le message et qu’il m’implorait d’attendre encore un peu, mais surtout pas maintenant, pas maintenant…

À un certain moment, j’eus ce sentiment que mon délire avait quelque chose de sacré, que le dévoilement de la divinité qui hurlait en moi ne pouvait plus attendre.  Je me répétai dans ma tête : oui, maintenant, tout ça est maintenant ou jamais…

Puis je levai la main.

Dans les consignes, il avait bien précisé qu’il ne répondrait à aucune question pendant l’examen.  Aussi, lorsqu’il repéra ma main brandie dans le fond de la classe, il hocha la tête de gauche à droite comme pour me rappeler la consigne.  Alors je me basculai en arrière derrière mon pupitre et brandit la main encore plus haut, de façon à ce que mon haut-top se soulève légèrement et qu’il aperçoive la blancheur de mon ventre et la profondeur de mon nombril.

Je le voyais vaciller derrière son pupitre.  Je bougeais les lèvres à nouveau :

Tu sais que tu m’appartiens. 

Les autres élèves gardaient le nez plongé dans leur copie, et c’est à peine s’ils lui jetèrent un oeil vitreux lorsqu’il s’engagea dans la troisième rangée pour venir à ma rencontre.  Dès qu’il fut à ma hauteur, je l’agrippai par la manche de son veston, je le tirai à moi assez rudement et collai mes lèvres à son oreille :

– Je vais me rendre aux toilettes de toute urgence. Celle des filles, bien entendu. Tu vas m’y rejoindre dans 2 minutes.  Ne parle pas, ne discute pas.  Calme-toi et écoute-moi.  Je serai dans la cabine du fond.  Si tu rates ce rendez-vous, nous savons tous deux que tu le regretteras ta vie entière.  Alors j’y vais.  Tu n’as rien à dire, je n’ai rien à ajouter.  Dans 2 minutes.  Ne me déçois pas.

 

 

3

Les toilettes des filles ne comportaient que 5 cabines.  Elles étaient toutes libres à l’exception de la deuxième.  Je me réfugiai dans la dernière, retirai mes escarpins, descendais mes bas collants à hauteur de mes genoux puis j’abaissai ma culotte, ne conservant que le haut-top.  Mes ongles d’orteils étaient fraîchement vernis de la veille : la laque, d’un rouge royal, donnait à mes doigts de pied le port resplendissant des choses faites pour reposer sur le dos d’un esclave.

J’avais envie, très envie même, mais me retenais encore un peu.  Au bout de deux ou trois minutes, la porte des toilettes claqua, et je perçus le souffle forcé de mon prof.  Je poussai du bout du pied la porte de ma cabine :

– Ici.

Son effondrement était déjà remarquable.  Décoiffé, la cravate dénouée, il pénétra dans la cabine et referma la porte derrière lui.

– Mademoiselle, tout ceci… tout ceci est ridicule…

– Tais-toi. Agenouille-toi… non, tu restes par terre, et tu te dresses sur tes genoux, c’est tout…  voilà…

Je calai bien mon cul sur le siège, et à l’instant où l’urine gicla sur les parois de la bonde, je brandis mon pied et coinçai son visage de souriceau savant contre la porte de la cabine.

– Tu voudrais lécher mes orteils, mais tu ne peux pas tourner la tête, je suis trop forte pour toi… Non, ne déboutonne pas ta braguette…  Sens mon pied, il pue les relents de pisse que des légions d’élèves ont déposés tout autour de la bonde depuis que ce putain de lycée existe… mais tu t’en fous, tu me désires trop… tu perçois le sifflement de mon urine contre la céramique?

– Je vous en prie, baissez la voix, il y a quelqu’un dans…

– Je sais, je sais… IL Y A UNE FILLE QUI CONSTIPE DANS LA DEUXIÈME CABINE ET QUI SE BRANLE EN IMAGINANT TA CHUTE !

Je riais comme une cinglée et la pression de mon pied contre son visage était si forte que les yeux lui en sortaient quasiment de la tête.  Alors je me relevai et le saisit par la barbe.

– Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette-euuu, le premier qui rira aura une tapette-euuu

– Mademoiselle, écoutez-moi… nous ne pouvons pas rester ici…

– Tu n’as pas encore compris qu’il n’y a pas de *ici* pour des gens comme nous? Pauvre, pauvre petit professeur soudain exilé de sa zone de confort…  Qu’est-ce que Kant dirait s’il te voyait, hein?  Bon, je viens de pisser ma vie à cause de ta saloperie de dissertation, alors voilà : Il reste exactement 2h45 pour terminer cette épreuve ; C’est plus qu’il ne t’en faut pour me rédiger ma copie, et venir me la remettre 45 minutes avant la fin de l’épreuve pour que j’ai le temps de la recopier ! Ne me déçois pas ! Dead Line : 11h15 !

Une fois la commande passée, je l’abandonnai, grimaçant d’extase sur le plancher des toilettes, et retournai bien sagement à ma place.

 

 

 

ÉPILOGUE

 

Quarante ans ont passé depuis, peu ou prou, et je me trouve aujourd’hui à la tête d’un donjon en terre de France.

Ce soir, j’attends l’arrivée d’un prof de philo qui habite de l’autre côté de l’Atlantique, et qui meurt de ramper à mes pieds depuis que nous avons commencé à correspondre, il y a plusieurs mois.

Il est descendu de l’avion cet après-midi en se demandant s’il n’allait pas se secouer avant de se présenter devant moi, de crainte de ne plus pouvoir se contrôler.

Il ignore tout de mon histoire et il n’a pas à la connaître.  Mais lorsqu’il entrera tout à l’heure, après lui avoir demandé de se déshabiller, je lui ordonnerai de se coucher par terre, je m’agenouillerai sur ses épaules, mes mains riveront ses poignets au sol, mes seins (qu’il ne pourra jamais atteindre) seront suspendus au-dessus de sa bouche, et tandis que je sentirai les battements désespérés de sa queue contre mes fesses, je le fixerai bien droit dans les yeux et lui dirai :

J’existe et tu es dorénavant à ma merci.

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